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Les insectes


Le dimanche soir, c’est sacré. Étalé dans mon canapé, télécommande en main, je zappe frénétiquement à la recherche du programme parfait. Et là, Ô miracle, au hasard de mes recherches, je tombe sur « Indiana Jones et la dernière croisade » avec Harrison Ford. Vous vous souvenez ? Mais si ! Le chapeau légendaire, les recherches archéologiques dans la jungle sud-américaine, les combats au couteau. Bref… je tombe sur la scène de la bibliothèque, une vieille bibliothèque, vieille comme sa bibliothécaire, qui d’un mouvement sec tamponne de gros livres poussiéreux. C’est souvent l’idée que les gens se font d’une bibliothèque : des étagères monumentales remplies d’ouvrages qui grimpent jusqu’au plafond, un silence de cathédrale imposé par une bibliothécaire à l’air sévère.

Sauf que… Sauf que les bibliothèques d’aujourd’hui ont bien changé (les bibliothécaires aussi ;). Elles s’ouvrent sur leur quartier, elles organisent des évènements, des ateliers, des rencontres, des partenariats. A la place du silence, on commence à faire du bruit. Et c’est bien le bruit. Ça discute, ça échange, ça se dispute, le brouhaha de la vie quoi.


C’est ce qui se passe à la bibliothèque Lagny. Même pas encore ouverte, que déjà on entend du bruit tout autour. Et le bruit ça attire, ça intrigue, comme la lumière appelle les insectes.


Je suis un de ces petits insectes qui travaille à l’école élémentaire Maryse Hilsz juste à côté de la bibliothèque. En tant que responsable Éducatif Ville, j’ai toujours été attiré par la lumière des livres. Et évidemment je partage cet intérêt avec les enfants dont j’ai la responsabilité. Sous l’impulsion de Sandra, Loïc, Matthias et les autres bibliothécaires, nous avons commencé à discuter, à réfléchir sur des actions que l’on pourrait mettre en place ensemble pour permettre aux enfants de s’approprier cette bibliothèque municipale, de rendre accessible une littérature que l’on pense, à tort, parfois (souvent ?), réservée à une élite. Car la littérature, au-delà de nous présenter des mondes imaginaires récréatifs mais parfois anesthésiques, nous propose avant tout une vision propre à un auteur, une vision du monde particulière que l’on peut partager, que l’on peut nier, que l’on peut combattre, mais qui nous pousse à réfléchir sur NOTRE monde.


Ce regard, cette distance que l’on place entre nous et l’ouvrage, c’est la distance nécessaire à tout acte de réflexion et questionnement. C’est donc paradoxalement une distance qui nous rapproche… Une distance qui nous rapproche de l’esprit critique et nous éloigne des idées toutes faites. Tout ça ne peut être validé que par la mise en place d’un projet fort et efficace entre les partenaires éducatifs d’un quartier, en l’occurrence de notre quartier.


Et comme je le disais au début, avant même l’ouverture de la bibliothèque, nous avons commencé à réfléchir. La première idée a été de me faire participer à une sélection d’albums jeunesse qui seront présents dans les bacs de la bibliothèque. En tant qu’ancien animateur lecture et passionné de littérature jeunesse, j’ai immédiatement accepté l’offre. Alors, par un bel après-midi ensoleillé, je me suis retrouvé dans une librairie géante (si si c’est vrai !) pour sélectionner des ouvrages qui seront ensuite achetés par la bibliothèque. Des livres labellisés « Maryse Hilsz », des repères, des liens reconnaissables par les enfants de l’école, qui par la même occasion se sentiront comme chez eux dans cette bibliothèque, un peu comme des insectes sur leur ampoule…


Un des livres sélectionnés par Julien

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